82 ans, une silhouette de jeune homme et la santé qui va avec, Jean Sevestre est assurément le plus fidèle et pas le moins chauvin de nos supporters. Les Cadets de Bains il les a dans la peau. Rencontre avec un vrai personnage à qui le club doit beaucoup.
Jean a la particularité de ne pas changer, le poids des ans ne semble pas faire effet sur lui. Alors son secret ? « il faut toujours être occupé, je jardine, je vais à la pêche, et puis ma femme fait très bien la cuisine je prends obligatoirement deux desserts à chaque repas. Je pense avoir une bonne hygiène de vie. Mais il n’y pas de secret faut bouger faut remuer c’est tout ». Quand on le voit pendant les matches on est rassuré de ce côté-là. Et il rajoute : « ll faut voir des jeunes, il faut discuter ».
Le Guy Roux bainsois
Depuis de longues années Jean et sa femme font la navette entre leurs deux domiciles de Rennes et Bains. Auparavant quand il était célibataire et qu’il travaillait déjà aux PTT, à Rennes il revenait chaque week-end « Je faisais la chasse, le samedi après midi et le dimanche matin, la chasse c’était l’entraînement, j’avais le match le dimanche après-midi et des fois le bal le soir » Durant les années 50 et début 60, il joue et s’occupe du secrétariat, des licences, des assurances, du recrutement, des déplacements, la recherche des matchs amicaux et des tournois « une année on en a gagné 6 sur 7 » . Au départ il joue gardien, j’étais bon, dit-il sans fausse modestie j’avais de bons réflexes, une bonne détente et je faisais le ménage dans ma surface, ce que confirme Paul Morice qui lui a succédé dans les buts, lorsqu’une blessure a failli lui faire perdre un œil. « J’ai eu une fracture de l’os orbital, c’était lors d’un match à Plessé ». D’après la légende le gars qui lui a fait ça, aurait dit, lorsque Joseph Beusnel a pris sa place : « au tour à l’autre » Mais il n’a pas fini le match « Zico » se serait occupé de son cas en lui « soignant » les chevilles.
C’est sans doute pour ça que Jean n’a jamais aimé le jeu dur, « Un jour que j’étais capitaine, j’ai sorti un de mes joueurs parce qu’il jouait trop dur, quelle tête il faisait ! » Les bagarres ce n’était pas trop son truc « pourtant bien des fois j’ai enlevé ma veste pour aller me frotter, j’ai menacé mais jamais je me suis bagarré j’arrêtais à temps ». Une fois pourtant il a pris un coup de poing en pleine figure « il ne m’était pas destiné c’était Raymond Morice qui devait le prendre mais il s’est baissé et j’étais derrière… » Pas rancunier et bon cœur en plus : « lors d’un match j’avais dû me déclarer blessé pour que le petit Raymond puisse jouer, car à l’époque il n’y avait pas de remplaçant »
Chef holligan
De son temps le plus dur était de rassembler 11 joueurs, tout le monde est là ? On a gagné ! Il fallait parfois faire des kilomètres pour aller les chercher et parfois se heurter aux parents ou aux épouses. N’est-ce pas Guy Eveno ? un des joueurs les plus doués avec qui j’ai joué mais il y avait aussi Paul Rocher qui était bon et d’autres comme Jo Duval.
Des joueurs, il en a vu défilé beaucoup au club, sans faire de classement, il se souvient surtout « du buteur Joël Hallier, du capitaine Michel Thétiot (également capitaine des soirées), de Guy Porcher un très bon gardien, des débordements en dilettante de Michel Année, la technique et l’efficacité de Serge Rio et actuellement Pompon et sa devise « il ne faut pas se poser de questions, il faut y aller ». Enfin j’ai apprécié à des degrés divers tous les joueurs anciens et actuels, sans oublier « le chef » et Nono deux personnages atypiques dans le club ».
Comme supporter, Jean n’est pas un exemple à suivre et il le sait. D’ailleurs il s’est auto-proclamé avec humour le « chef des holligans bainsois » Il reconnaît : « Je sais je suis con ! Il y a des fois ça déborde, je dis des conneries et après je regrette ça me travaille ». Une fois notamment il avoue : « J’avais insulté un dirigeant de Renac, j’avais été ridicule et après ça m’a travaillé, je me disais qu’est ce que j’ai été dire là ? Je regrettais tellement que je lui ai adressé une lettre d’excuses qu’il a d’ailleurs montrée aux membres du bureau de son club. Il a apprécié, mais en attendant qu’est-ce que ça m’a travaillé » !
A bicyclette
Il est comme ça Jean. Que de nerfs ! Aussi lors des matches « à risques » il préfère ne pas venir au stade et aller se promener dans la campagne Surtout si le match est contre Redon. Au fait Jean d’où vient cette hostilité envers la St Conwoïon (devenue le FCAV) ? Une année ils nous ont piqué 3 joueurs, ils nous avaient mis à cul j’ai jamais pardonné. Et puis il y avait un certain « Couscous » devenu président de la St Conwoïon, j’ai souvent joué contre lui, on ne pouvait pas se voir !
Des anecdotes, Jean en a plein la tête comme celle qui commence à Carentoir, vas- y Jean raconte : On était venu avec le petit car « Plantard » qui faisait la navette, mais après le tournoi on était resté au bal et ben après il n’y avait plus personne pour nous ramener. Alors on a piqué des vélos on était six, deux sur chaque vélo et retour à Bains. Le lendemain on allait tous travailler, à St Nazaire ou Rennes pour certains. Alors on a demandé à Fernand Duval, qui était dans le coup, de renvoyer les vélos par le car, (parce qu’on n’était pas des voleurs), Fernand a fait ce qu’on lui a demandé et il a réexpédié les vélos… mais en port dû. A Carentoir ils ont dû apprécier de payer pour récupérer leurs bicyclettes.
Avec Jean on pourrait écrire des pages, alors les jeunes n’hésitez pas à aller discuter en plus il adore que les jeunes le tutoient, il vous parlera de son copain Henri « et mes deux buts de l’autre jour » de « As’y Oseph a pas peur du gros » etc…
Enfin un dernier mot pour terminer ce long entretien : « J’encourage et je remercie tous les dirigeants des Cadets, que les joueurs leur fassent plaisir et les respectent » A partir de là…